Le secteur des jeux de hasard et d’argent représente un pan singulier de l’économie française, avec un chiffre d’affaires annuel dépassant les 10 milliards d’euros. Placé sous la classification 92.00Z dans la Nomenclature d’Activités Française (NAF), ce secteur se distingue par son encadrement juridique exceptionnel et son statut particulier. À la frontière entre le divertissement, le commerce et le service, cette activité fait l’objet d’une surveillance étroite par les autorités publiques, en raison des risques d’addiction et de blanchiment d’argent qu’elle comporte. Loin d’être un marché comme les autres, l’industrie du jeu présente une structure oligopolistique où s’entremêlent acteurs historiques en situation de monopole et nouveaux entrants issus de la révolution numérique.
Panorama économique du secteur des jeux
Le code NAF 92.00Z identifie un domaine d’activité à part entière dans l’économie française. Cette classification couvre l’ensemble des opérations liées à l’exploitation et à l’organisation de jeux impliquant des mises d’argent, qu’ils soient fondés sur le hasard ou sur une combinaison de hasard et d’adresse.
Un secteur sous haute surveillance
Contrairement à la majorité des secteurs économiques, l’industrie du jeu s’inscrit dans un cadre exceptionnellement régulé. Cette classification 92.00Z appartient à la section R de la NAF, dédiée aux “Arts, spectacles et activités récréatives”, et plus précisément à la division 92 qui concerne exclusivement l’organisation de jeux de hasard et d’argent. Cette structure reflète la spécificité d’une activité économique qui, bien que lucrative, fait l’objet d’un contrôle renforcé en raison de ses implications sociales.
Le secteur se caractérise par une dualité entre des monopoles d’État historiques (Française des Jeux, PMU) et des opérateurs privés encadrés par une autorité indépendante (ANJ – Autorité Nationale des Jeux). Cette structuration unique dans le paysage économique français témoigne d’une volonté de concilier les impératifs de santé publique avec l’attrait économique de cette industrie.
Activités principales et secondaires
Le périmètre d’activité couvert par le code NAF 92.00Z englobe un large éventail d’opérations liées aux jeux d’argent, avec des distinctions importantes entre différentes catégories d’établissements et de services.
Casinos et établissements de jeux physiques
Cette catégorie inclut l’exploitation de casinos terrestres proposant des jeux de table (roulette, blackjack, poker), des machines à sous et d’autres équipements de jeu. La France compte environ 200 casinos, principalement implantés dans des stations balnéaires, thermales ou touristiques, conformément à la législation qui interdit leur présence dans un rayon de 100 kilomètres autour de Paris (à l’exception d’Enghien-les-Bains).
Loteries et paris sportifs
Le code 92.00Z englobe également l’organisation et l’exploitation de jeux de loterie (Loto, Euromillions, jeux à gratter), ainsi que les paris sportifs et hippiques, qu’ils soient proposés en points de vente physiques ou en ligne. La Française des Jeux et le PMU constituent les acteurs majeurs de ce segment, avec un réseau de plus de 30 000 points de vente à travers l’Hexagone.
Jeux en ligne et innovations numériques
Depuis la loi du 12 mai 2010 relative à l’ouverture à la concurrence des jeux d’argent en ligne, le secteur s’est considérablement développé sur internet. Le code NAF 92.00Z intègre désormais les plateformes de poker en ligne, les sites de paris sportifs et hippiques virtuels, ainsi que les nouvelles formes de jeux d’argent numériques. Ce segment représente aujourd’hui plus de 15% du marché global et connaît la croissance la plus soutenue.
Le saviez-vous ?
La France est l’un des rares pays européens à maintenir un modèle dit “de monopole régulé” pour ses casinos terrestres, avec un numerus clausus limitant le nombre d’établissements autorisés. Chaque ouverture de casino nécessite une autorisation ministérielle et l’attribution d’une délégation de service public par la commune d’implantation.
Tendances et évolutions du marché
Le secteur des jeux de hasard et d’argent connaît des mutations profondes, tant sur le plan technologique que comportemental, qui transforment progressivement sa physionomie économique.
Statistiques et chiffres clés
En 2022, le marché français des jeux d’argent et de hasard a généré un produit brut des jeux (différence entre les mises des joueurs et leurs gains) de plus de 12 milliards d’euros, en hausse de 7% par rapport à l’année précédente. Cette progression est principalement portée par le segment des jeux en ligne, qui affiche une croissance annuelle moyenne de 15% depuis 2017.
La répartition du marché révèle l’importance des acteurs historiques, puisque la Française des Jeux capture environ 40% du marché global, suivie par les casinos (25%), le PMU (20%) et les opérateurs de jeux en ligne agréés (15%). Le secteur emploie directement plus de 25 000 personnes en France et génère d’importantes recettes fiscales pour l’État, estimées à 4 milliards d’euros annuels.
Transformation numérique du secteur
La digitalisation constitue la tendance majeure du secteur, avec une migration progressive des joueurs vers les plateformes en ligne. Cette évolution s’accompagne d’innovations technologiques significatives : réalité augmentée, jeux en direct avec croupiers réels (live gaming), paris en temps réel (in-play betting) et développement de l’intelligence artificielle pour personnaliser l’offre de jeux.
Les technologies blockchain et les cryptomonnaies commencent également à pénétrer ce marché, bien que leur déploiement reste limité en France en raison d’un cadre réglementaire restrictif. Cette révolution numérique pose de nouveaux défis aux régulateurs, contraints d’adapter leurs méthodes de surveillance et de protection des joueurs.
Environnement réglementaire
Le secteur des jeux d’argent en France se caractérise par un encadrement juridique particulièrement dense et complexe, qui reflète les préoccupations de santé publique et de sécurité associées à cette activité.
Cadre législatif spécifique
Contrairement à de nombreux secteurs économiques, l’industrie du jeu répond au principe d’interdiction générale assorti d’exceptions strictement encadrées. Cette approche singulière s’appuie sur la loi du 12 mai 2010 relative à l’ouverture à la concurrence des jeux d’argent en ligne, complétée par la loi du 17 mai 2011 de régulation des jeux de cercle en ligne et la loi Pacte du 22 mai 2019 qui a réformé la gouvernance du secteur.
Le cadre réglementaire distingue plusieurs segments soumis à des régimes différenciés :
- Les casinos terrestres : régis par l’arrêté du 14 mai 2007, ils sont soumis à autorisation ministérielle et au contrôle du Service Central des Courses et Jeux (SCCJ).
- Les jeux en ligne : seuls les paris sportifs, paris hippiques et poker sont autorisés en ligne, à l’exclusion des jeux de casino virtuels (machines à sous, roulette).
- La loterie et les paris en points de vente : monopole de la Française des Jeux et du PMU.
Contrôle et prévention
Depuis 2020, l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) constitue le régulateur unique du secteur, remplaçant l’ARJEL et centralisant les compétences auparavant dispersées entre plusieurs organismes. Cette autorité indépendante délivre les agréments aux opérateurs en ligne, contrôle leur activité et veille à la protection des populations vulnérables.
Les opérateurs du secteur sont soumis à des obligations particulièrement strictes en matière de :
- Lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (procédures KYC renforcées)
- Protection des mineurs (vérification de l’âge, interdiction de publicité ciblant les jeunes)
- Prévention du jeu excessif (modérateurs de jeu, auto-exclusion, limitations de mises)
- Garantie de l’intégrité des opérations de jeu (certification des générateurs aléatoires)
Ces contraintes réglementaires constituent à la fois un défi pour les opérateurs et une barrière à l’entrée significative pour de nouveaux acteurs.
Codes NAF connexes et différences
Le code NAF 92.00Z possède des frontières parfois poreuses avec d’autres classifications, ce qui nécessite de comprendre les distinctions précises entre activités connexes.
| Code NAF | Intitulé | Différence avec 92.00Z |
|---|---|---|
| 93.21Z | Activités des parcs d’attractions et parcs à thèmes | Les attractions comportant des jeux sans mises d’argent relèvent de ce code, même lorsqu’elles sont proposées dans une ambiance de casino |
| 93.29Z | Autres activités récréatives et de loisirs | Couvre les jeux électroniques, flippers et baby-foot sans gain monétaire en sortie de jeu |
| 47.65Z | Commerce de détail de jeux et jouets | La vente de matériel de jeu (cartes, jetons, roulettes) sans organisation de parties relève de ce code |
| 62.01Z | Programmation informatique | Le développement de logiciels de jeux d’argent sans exploitation commerciale directe relève de ce code |
| 63.12Z | Portails internet | Les sites comparateurs de jeux ou d’informations sur les paris sans organisation directe de jeux relèvent de ce code |
La principale distinction tient à l’existence ou non de mises d’argent avec perspective de gain monétaire. Les activités récréatives similaires mais sans enjeu financier sont classées en dehors du 92.00Z.
Zoom sur les différences internationales
La classification française 92.00Z correspond approximativement au code NACE R92.0 au niveau européen. Cependant, certains pays appliquent des subdivisions plus fines, distinguant par exemple les casinos terrestres des opérations de jeux en ligne, ce qui n’est pas le cas en France où ces activités sont regroupées sous un même code.
Stratégies de prospection B2B
Le secteur des jeux d’argent présente des caractéristiques uniques qui influencent directement les stratégies de prospection commerciale entre entreprises.
Segmentation spécifique au secteur
Pour cibler efficacement les entreprises du code NAF 92.00Z, plusieurs critères de segmentation s’avèrent particulièrement pertinents :
- Type d’activité : casinos terrestres, opérateurs de paris en ligne, exploitants de terminaux de jeux, organisateurs de loteries
- Taille et volume d’affaires : des microstructures aux groupes internationaux cotés en bourse
- Nature de l’offre : jeux de table, machines à sous, paris sportifs, poker, loteries
- Positionnement marketing : mass-market ou segment premium/VIP
- Distribution : digital pure-player, réseau physique, ou approche hybride
La connaissance fine de ces critères permet d’adapter précisément l’approche commerciale aux besoins spécifiques de chaque segment.
Opportunités commerciales par sous-segment
Le marché des fournisseurs de l’industrie du jeu présente de nombreuses opportunités, mais nécessite une compréhension approfondie des besoins particuliers de chaque type d’opérateur :
- Pour les casinos terrestres : solutions de sécurité avancées, équipements de jeu innovants, systèmes CRM spécialisés, mobilier technique
- Pour les opérateurs en ligne : solutions d’hébergement sécurisées, logiciels de détection de fraude, outils de conformité réglementaire, solutions de paiement
- Pour les réseaux de points de vente : terminaux spécialisés, solutions d’affichage dynamique, formations du personnel, logistique optimisée
Une prospection ciblée s’appuyant sur Datapult.ai permet d’identifier précisément les acteurs de chaque sous-segment et d’adapter l’offre en conséquence, en tenant compte des contraintes réglementaires spécifiques au secteur.
Approche et calendrier de prospection
Le secteur des jeux d’argent présente des spécificités temporelles qui influencent le calendrier optimal de prospection :
- Les investissements en équipements de casinos sont généralement planifiés en fin d’année fiscale
- Les préparations pour les grands événements sportifs (Coupe du Monde, JO) génèrent des besoins spécifiques chez les opérateurs de paris 3-6 mois avant l’événement
- La période post-estivale (septembre-octobre) correspond souvent à un moment de bilan et de planification stratégique
Une approche multi-canal combinant la présence aux salons spécialisés (ICE London, SiGMA) et une stratégie de contenu expert s’avère particulièrement efficace dans ce secteur où la confiance et l’expertise technique sont déterminantes.
Témoignage du secteur
“Dans l’industrie des jeux d’argent, la conformité réglementaire n’est pas une option mais un impératif stratégique. Chaque innovation doit être pensée en intégrant les contraintes légales dès sa conception. Les fournisseurs qui comprennent cette réalité et proposent des solutions ‘compliance by design’ obtiennent un avantage concurrentiel décisif auprès des opérateurs comme nous.”– Claire Dumont, Directrice de la Conformité chez un opérateur de jeux en ligne français
Exploiter les données pour votre prospection
Le ciblage des entreprises du secteur des jeux de hasard et d’argent présente des particularités qu’il convient d’intégrer dans toute stratégie commerciale B2B.
Pour une approche commerciale efficace, l’analyse des données de ce secteur doit tenir compte de sa structure oligopolistique. Le marché est dominé par un nombre restreint d’acteurs majeurs (grands groupes de casinos, FDJ, PMU, opérateurs en ligne agréés) complété par un tissu de PME spécialisées (sociétés d’exploitation locales, prestataires de services spécifiques). Cette configuration nécessite une stratégie différenciée selon la taille des acteurs ciblés.
L’identification précise des décideurs représente un enjeu crucial dans ce secteur fortement réglementé où les processus d’achat impliquent souvent des validations à plusieurs niveaux, incluant les responsables de la conformité réglementaire. Une base de données qualifiée prenant en compte ces spécificités, comme celle proposée par les outils d’analyse sectorielle spécialisés, constitue un atout déterminant pour optimiser les démarches commerciales dans ce secteur exigeant.
Pour conclure, le secteur identifié par le code NAF 92.00Z présente un potentiel commercial significatif mais fortement encadré. Les entreprises souhaitant adresser ce marché doivent impérativement intégrer ses spécificités réglementaires et structurelles dans leur approche commerciale, tout en tenant compte des évolutions technologiques qui transforment rapidement les modèles économiques traditionnels de l’industrie du jeu.